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Une enclave en marge du monde.

Une enclave en marge du monde.
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Une enclave en marge du monde.
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10 juillet 2006

Sans titre 18.

"Souriez, le petit oiseau..." clic clac. Flash. Wow ! J't'en ficherais, moi, des oiseaux, Buffalo. Large photo en noir et blanc, format non conventionnel, mais on s'en fiche, on fera un cadre exprès pour. Ex voto ? En quelque sorte. Instant volé au Temps, hop, arraché à Ouroboros : même pas de gloire à le faire, appuyer sur un bouton, et voilà c'est dans la boître disent les pros. Et quelle humiliation, photo développée dans la baignoire, séchant entre les slips en coton Casino et les chaussettes râpées en fil d'Ecosse. Quel choc en observant : les yeux étoilés qui nous parlent d'un monde lointain, la bouche épaisse et un peu tordue par la bénédiction lancée à l'attrapeur d'âme, les pommettes qui ont rougi trop vite - apparence fiévreuse - d'épaisses mèches brunes coiffées avec trop d'attention et par conséquent bien mal, qui se confondent avec les vestiges du va-et-vient près de l'oreille d'un Gillette émoussé. Quelle vie, ou quelle folie fut retirée à l'original ? Lui, a perdu quelque chose, comme si on lui avait remis la Croix de Fer juste un instant, le temps d'en faire le tour avec l'index, d'entendre le claquement asthmatique de la fixation et le froissement insectoïde du ruban. Heure de gloire passée, se résumant à une manipulation chimique sur format 34.5 * 22.5.

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10 juillet 2006

Sans titre 17.

Klong, klong. Passage à tabac. Grands gaillards battent le fer. Sans relâche, frappent, frappent, et la douleur passe dans leurs bras, leurs épaules, frappent le fer brûlé, passé dans la fournaise, étincelles libérées, âmes arrachées à leur tombeau minéral. Cette chaleur...

Géants suant, leurs armes glissent entre leurs mains roussies, anneau d'or s'accroche au manche de chêne. Tête-de-fer-et-manche-en-bois monte, monte, très haut, comme pour crever la voûte céleste, très haut, très vite, si vite que le vent souffle à ses oreilles, et retombe, furieusement, pris de folie, folie destructrice, envie de s'abattre, vol de faucon, vite, très vite, et touche, heurte, broie et dans sa joie féroce remonte, prêt à l'hallali ; cri de détresse, la barre se tord, serpente - s'échapper ? - et gît, immobile, là où le coup l'a surprise et adresse une dernière prière silencieuse...

10 juillet 2006

Sans titre 16.

Reprise de la déclaration d'amour dans Manon des Sources

   

    Je t'aime, je t'aime, Manon, je t'aime, je te veux, je veux t'épouser, vivre avec toi, te toucher, caresser ton corps, te sentir, t'avoir contre moi, Manon, ne dis pas non, ne me repousse pas, tu vois comme je t'aime, je ne dors plus, je ne mange plus, je ne suis plus bon à rien, tu me hantes, ton visage m'accompagne tout le temps, Manon, quand je dors, je te vois au pied du lit et quand je tends les bras, tu disparais, sorcière, et puis le jour je lis ton sourire dans les fleurs sauvages de la prairie, j'ai l'impression que tu m'espionnes, que tu te caches derrière chaque herbe pour me faire une coquinerie, Manon, et tu vas devant et misère ! à chaque tournant tu es plus loin encore et j'ai beau courir, Manon, je peux plus, mon coeur y bat trop fort, je n'y vois plus très bien, attends-moi Manon, attends-moi, ne me fuis pas, je veux que tu sois ma reine, mon pépé il est vieux il va bientôt crever, mes parents ils sont morts et moi je vais tout hériter et tout ça je te le donne, Manon, la ferme, les champs, les bestiaux tout ça, et ma vie, alors revien tu seras la plus riche, et moi je ferai tout ce que tu voudras, parce que je t'aime Manon, et si je peux effacer le crime de mon pépé, et bien va, te rendre heureuse, une vie pour une vie, celle de ton papa contre la mienne, elle ne vaut rien si tu me repousses, Manon, ne sois pas si fière, marie-moi à la Saint Jean et le feu il purifiera mon sang, et je t'offrirai des lys, tiens, que j'aurais plantés pour toi, tiens, dis-moi oui, tu vois que j'ai mal Manon et de ce mal on meurt par ici, donne-moi ta main, regarde-moi Manon, mon pépé y dit que je suis pas si moche, et puis toi tu es belle, tu seras belle pour nous deux, allons Manon, bonne mère, ne sois pas si enfant, tu sais, même tes collets c'est moi qui y dépose mon gibier, Manon, ma toute belle, cesse de crier, tu me fais mal à la tête, cesse de pleurer, va, viens t'en ici, je suis fatigué, Manon, tu ne veux toujours pas et moi je meurs, adieu, adieu ma Manon, je me meurs d'amour et toi tu ne me vois même pas.

17 juin 2006

Sans titre 15.

    Je t'avais demandé de me prendre par la main. Lorsque je serai dans le labyrinthe. Tu seras mon Ariane.  Ton regard dans le mien, accompagnant les mots d'un clignement de paupières, tu avais répondu gravement : C'est d'accord.  Je pénétrai alors dans le dédale de mes peurs, les ruelles tortueuses de mon imagination. De cela je ne veux parler : le Mal qui y vit...

    Et puis je me suis retrouvé face à la porte - verte comme l'espoir. Je l'ai poussée : elle a cédé sous ma pression. Hall de gare, salle d'attente ; du passage, de l'agitation, des gens. Cherche à tâton ta main, la presser, te remercier. Mais de ta présence, nulle trace. Aucune inquiétude - Nice, les embouteillages, comme d'habitude. Alors m'asseoir sur un banc, caler entre mes jambes ma valise de souvenirs pleine à craquer, mal sanglée par ma ceinture en cuir noir brillant (j'ai pris un peu de poids, mes jeans taille 40 tombent pile sur mes hanches).

    J'ai attendu. Toi. Quand je m'en fus lassé, je me suis levé, sans hâte, j'ai empoigné ma valise - Dieu qu'elle est lourde, la garce ! et direction la double porte. Pas à pas. Sans hâte. Sentir le courant d'air, fraîcheur qui me tempère. Et depuis je erre sans buts dans les avenues. Mais cela doit avoir une fin. Ma ceinture est presque usée...



17 juin 2006

Sans titre 14.

Brumes de sommeil se dissipent, ombres s'éclairent ; paupières s'entrouvrent - fugitivement, l'espace d'un éclair - et lumière lève le voile du regard. Loué soit Ammaunator. Larme - perle irisée - vient agacer les lèvres, abrupte saveur salée gorgée de soleil camarguais et de marais. Agite mollement une main moîte, la chasser, geste ébauché et vaincu par la fatigue.

Prunelles chatoyantes... Je me coule dans ton regard ; illuminations, jeux de lumière - la vie s'éclaire d'un vol d'aras, d'un nouveau parfum arc-en-ciel. 

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17 juin 2006

Sans titre 13.

Il court la plaine : le jour il l'écrase de son dédain, la nuit il l'étreint dans l'obscurité. Combien de terres il a connues, il ne sait plus, il ne compte plus, il n'est pas à une conquête près.

Toujours le même cartel : le jour inlassablement il la bat et l'explore de ses souliers cloutés, la nuit il se presse contre sa chair chaude, y puise sa force et la recouvre de sa semence. Elle emplit son âme de mille tourments et lui se fait plus violent, elle le caresse et l'invite à s'allonger sur elle, à la couvrir.

Il pleure contre son coeur sous le brouhaha des étoiles, lui reprochant les tourments du jour. Et elle, elle l'écoute patiemment, caressant son front moîte et écartant les mèches collées par la poussière, aussi aimante qu'au premier soir.

Des fois, au hasard des chemins, il a croisé d'autres amants, mais que lui importe - il n'est pas jaloux - chaque soir elle est sienne, et dans l'attente de ces caresses le jour n'a pas de fin.

26 mai 2006

Sans titre 12.

J'ai pas envie de sourire. Elle m'a déserté. Pas envie de façonner mon visage, pas envie de modeler ma bouche, pas envie de plisser mes yeux dans une grimace grotesque. Pas envie d'arborer un masque - figure de tragédie grecque ou totem péruvien.

Mais...

"Bienvenue à bord du vol 72-41 B". Destination inconnue

Me coller à la carlingue pour bien ressentir les frissons de l'albatros, poser mon attaché-case sur le siège de droite - maigre butin collecté dans les boutiques du Terminal duty free : un costume beige Duty Free (évidement) sur mes os, un autre bleu impérial ou noir, je ne sais plus, satanés éclairages, 2 chemises Balenciaga, 3 paires de  chaussettes et des boxers HOM, une brosse à dents griffée Air France 2 carnets de Moleskine petit format - quelque chose comme 13 * 7 à vue de nez - un bic noir, une serviette de coton des Andes - le commerce équitable, c'est tellement plus tendance et c'est tout.

Le billet d'avion a atterri dans la dernière poubelle avant la passerelle d'embarquement. Mes souvenirs aussi - poids maximal autorisé en cabine : 5 kg déjà atteints.

Vous voulez bien m'apporter un sandwich, s'il vous plaît ? Jambon, tomates, mozarella, sans mayo pour rester beau. Me regarde en fronçant les sourcils. C'est sûr, je ne ferai pas partie du Club des 10.000... Vous faites pas de bile ; et donnez-moi une coupe de Champagne - Don Pérignon. Comme si je pouvais me contenter de moins...

Une odeur fruitée me  chatouille les narines. Tant pis... Ne fais pas aujourd'hui ce que tu pourras faire demain... Vous n'auriez pas un journal en prime ? Manquerait plus qu'elle dise non. D'aujourd'hui bien sûr... Avec mes clés, je déchire la date et je parachève mon oeuvre en déchiquettant le papier à l'aide de mes mains. Tant pis pour les autres... Je peux m'endormir, satisfait. Le Temps n'est plus. Repose en paix.

26 mai 2006

Sans titre 11

Pluie d'étoiles qui s'abat sur Terre. Pan entier du Ciel qui s'écroule. Manteau d'Uranus se déchire, fin des jeux de lumière - spectacle terminé, rentrez chez vous ; vaste fumisterie pour égayer la nuit et guider les marins.

Pluie d'étoiles qui s'abîme en mer. Âmes des Atlantes, retour au bercail ! Ka balloté au gré des flots, plume d'espoir baignée par les lueurs cosmiques et les reflets des lames d'argent. Trouble profond agite les pierres, éveille les colosses, grondements menaçants auxquels répond l'écho.

Hâte de voir ces flots en furie lui servir de tombe... Pourquoi tant de haine, Iago ?

Et puis jets de flammes, fontaines lumineuses, lave en fusion qui se révèle aux yeux secs.

La voici, la raison de ma haine !

Non... Pourquoi ne se taisent-ils pas ?

26 mai 2006

Sans titre 10

Son regard ? Je le cherche à tâton dans le noir, regard qui se dérobe, regard qui se voile, aube grise et triste du lendemain. Morosité sans l'eau claire de tes yeux pour purifier le Temps, lourd silence - chape de plomb, scellés de granite - s'abat sur mes journées.

Sans voix... Toi non plus. Comme si nous étions animaux - Dieu ayant repris les âmes. Point de roulements de tambours dans nos gorges, point de sifflement du vent dans les râmures des futaies bronchiques. Toutes les voies sont bloquées ; j'étouffe et pourtant je retiens mon souffle. Via Divina se déroule sous mes pieds, pierre lascive, et fraîche, et tendre qui s'offre en réconfort : prémisces d'un jardin d'abandon, comme ça, au pied d'un arbre, à l'ombre de mes regrets en fleur, comme ça. Et savourer la caresse d'Inti sur ma chair et mon âme à nue, à vif sous le silice que vous m'infligez ; renouer avec le Père et tresser le chaski : tous les noeuds du temps sont entre mes mains, et pourtant, pourtant... je ne sais quoi en faire.

Les brûler et tout oublier - autodafé, bûcher salvateur. Ou alors jouer le sikh, m'offrir à Kali, femme perdue, dévoyée, honte de l'humanité. Frôler la frange, s'enivrer de son odeur nauséabonde et s'y abîmer... Aller simple chez les Tanaaris : prendre la porte et à la pointe de l'épée se tailler un chemin vers le lendemain.

19 mai 2006

Sans titre 9.

Entendre le tchic-tchac du ciseau à bois, du ciseau mordant à pleines dents le bois. Goûter à ce bois couleur caramel, chaud comme un corps consummé d'amour sous les doigts qui le caressent. Bois si fragile dans sa brune nudité, bois aussi tendre qu'une amoureuse passionnée, bois doux comme un sein. Bois palpitant de désir, buvant à pleine gorge le contact de l'homme, bois qui s'échauffe.

Bois qui s'élance, qui se modèle, qui se déhanche - ô habile artisan, ô habile amant ! Bois enfin qui offre ses courbes voluptueuses, femme accomplie, femme épanouie, fée, fille de Chêne ou d'Olivier.

Accueille la vie dans le berceau de tes hanches, vie engendrée par la Terre, gorgée de sève maternelle, et puis à Dieu va...

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